Réactions aux bruits:


La peur des bruits est un problème bien plus courant qu’on ne le pense généralement. Cela peut également conduire à la phobie des bruits et déclencher l’hypervigilance, la réactivité et/ou l’anxiété de séparation. Par exemple, si un bruit particulièrement stressant se produit en l’absence du propriétaire, le chien pourrait établir une association : bruits = absence.

Ce problème passe souvent inaperçu ou est négligé. Les propriétaires de chiens peuvent simplement dire : « Mon chien aboie tout le temps », ou « Mon chien est anxieux », ce qui n’est pas entièrement incorrect, car cela est intimement lié au stress et au pessimisme du chien. Ce comportement peut également se manifester plus fréquemment pendant l’adolescence du chien. Souvent, la première manifestation est la peur de l’aspirateur, un signe rarement pris en compte mais qui peut avoir de graves répercussions. Le bruit associé aux mouvements suscite généralement une réaction plus vive.

Les recherches dans ce domaine ont révélé plusieurs éléments significatifs. Une étude norvégienne menée en 2015 par Storengen et Lingaas a démontré que les chiennes sont plus susceptibles de développer la peur des bruits.

D’autres études, notamment celle de Global en 2001, ont clairement identifié un lien entre l’anxiété de séparation et la réactivité aux bruits. De plus, une autre étude menée par Blackwell et al. en 2012 a mis en évidence une forte comorbidité avec de nombreux problèmes de comportement. Les chiens qui sont anxieux à propos des bruits sont également préoccupés par d’autres chiens, les gens et l’absence de leurs humains.

Et puis, il y a celle, pas très « douce », menée en 2005 par Dreschel et Granger. Ils ont exposé des chiens à des bruits qui leur faisaient peur pendant 40 minutes. Après 20 minutes, le taux de cortisol a été testé. Ils ont noté une augmentation de 207 % ! Après 40 minutes, le taux était le même, ce qui les a amenés à croire que le chien ne se calmait pas de lui-même. De plus, ils ont mesuré l’impact de l’humain, mettant en évidence que le conseil d’ignorer le chien qui a peur ne change absolument pas le taux de cortisol ! Le chien pourrait plutôt le percevoir comme une punition, ce qui serait donc à éviter.

Ces constatations indiquent que les problèmes liés à la peur des bruits sont insidieux et doivent être pris au sérieux.

Nous allons nous référer aux processus du cerveau du chien. Il pose trois questions ! Le temps de réflexion varie d’un chien à l’autre et d’une fois à l’autre.

  • Il entend un bruit, il en prend conscience et devient observateur. On peut souvent observer cette phase où il lève la tête et bouge les oreilles.
  • Il se demande si c’est important… S’il pense que non, il retourne à ses occupations. S’il pense que oui… ici, le stress augmente. La question suivante est :
  • Est-ce bon ou mauvais ? Sa réaction sera proportionnelle à ce qu’il pense. (Si un mouvement est détecté, cela accroît le stress (la chaudière du stress) et la réponse.

Prenons comme exemple le service de croquettes dans le bol:
Le chien entends les croquettes tomber dans le bol.🤔 Est-ce important ? Oh oui… miam miam ! 😁 Est-ce mauvais ? 🐶 « montée de stress ici ». Non c’est bon!!! La réponse est qu’il accourt joyeusement…🐾

Reprenons un autre exemple, celui du Toc Toc à la porte :
Lorsque le livreur de colis passe, le chien anticipe la situation. Il perçoit le son distinctif du camion approchant (il le reconnaît et distingue son bruit spécifique), il est conscient de l’ouverture de la porte du camion et des pas du livreur. Il sait que le Toc Toc arrive, il connaît la séquence, et à ce stade, il juge cela comme étant très important. Son cerveau a déjà établi l’association les prédicateurs qui sont le camion, les bruits de portes et de pas, et le Toc Toc. À chaque étape qu’il considère importante, son niveau de stress augmente. Étant donné qu’il est familier avec cette séquence, la vitesse à laquelle il évalue si la situation est positive ou négative est très rapide, car souvent, l’association est déjà bien établie dans son cerveau.

Supposons qu’il perçoive cette séquence comme négative, qu’il ait peur du Toc Toc ; dans ce cas, il pourrait réagir en aboyant et en se précipitant vers la porte. Plus la séquence se déroule souvent, plus sa réaction sera rapide. Le son du Toc Toc pourrait alors être associé à la porte du camion, voire à l’arrivée du camion, ce qui déclencherait sa réaction au son de la porte au lieu du Toc Toc. Tous les bruits perçus avant le Toc Toc pourraient devenir des indicateurs négatifs pour la réaction du chien.

Il est crucial de mentionner un élément très important : le mouvement ! La peur du bruit est souvent étroitement liée au mouvement.

Reprenons notre exemple du livreur : il y a le mouvement de la porte, des pas, mais aussi notre propre mouvement. Souvent, nous nous levons rapidement pour aller chercher notre colis, ou pour calmer notre chien, car nous avons également anticipé sa réaction ! Parfois, chez certains chiens, la réaction au mouvement est même plus importante que celle au son lui-même !

Que faisons-nous maintenant ?:

Observer et prendre des notes : Pour mieux comprendre les peurs liées aux bruits, notons à chaque fois : Quel bruit ? Y a-t-il du mouvement ? Une distance ? Une anticipation ? Une association connue ? La réponse-réaction du chien ?

Ces notes nous guideront dans la gestion. La gestion représente une solution facile et rapide. Mais savez-vous reconnaître les signes de votre chien ? Les signes courants de la peur du bruit sont l’agitation, l’hypervigilance, la recherche de son humain, l’arrêt soudain, la posture de repli, la salivation, les tremblements, se cacher, bâiller, la fuite – Combien de fois ai-je vu passer des annonces de propriétaires cherchant leur chien qui a fui pendant un feu d’artifice ? Et évidemment, il y a l’attaque.

La gestion – En concept de jeux, nous nous appuyons sur le calme, la gestion et les compétences du chien. En ce qui concerne la gestion, ce qui est plus difficile dans la peur des bruits, c’est comment procéder à cette gestion. Reprenons l’exemple du camion qui passe. Dans ce cas, nous pourrions gérer la situation en utilisant des bruits blancs ou en éloignant le chien dans une pièce différente. Mais que faire si le bruit provient, par exemple, d’un ustensile qui tombe de chez la voisine du haut ? (oui, je pense à un chien en particulier :).) Il est difficile de gérer ce genre de situation. Cela représente un défi majeur.
Nous allons alors envisager l’utilisation de bruit blanc ou de musique de fond. Il en existe de nombreux disponibles sur YouTube, Spotify, etc. Cependant, il est important de veiller à ce que votre chien ne développe pas une peur de ce bruit ! Il ne doit pas être associé à votre absence !! Mettre ce bruit juste avant votre départ pourrait aggraver la situation plutôt que de l’améliorer ! On utilisera un bruit familier. Un autre aspect de la gestion concerne les prédicateurs comme l’exemple du livreur.

Autres exemples:
Wicket a peur des remorques, associant le bruit au mouvement. Je ne peux pas prédire quand il y aura une remorque, mais dès que j’en entends une, j’ai environ deux secondes pour réagir. Je l’envoie chercher des friandises dans un endroit éloigné de la rue, autant que possible. Évidemment, j’évite les promenades le 1er juillet😁 !

D’un autre côté, si le chien a peur des orages, le prédicateur pourrait être le vent ou la pluie, des éléments sur lesquels nous n’avons aucun contrôle.

Le calme – Il va de soi que plus le chien est stressé, plus sa réaction à la peur du bruit sera exacerbée. Nous surveillons donc attentivement le niveau de stress du chien et nous l’aidons à retrouver son calme après une réaction de peur face au bruit. L’entraînement sur le tapis, le coussin ou dans une pièce dédiée serait d’une grande aide pour rassurer et apaiser le chien, en particulier pour ceux qui cherchent à se cacher. Voir la page de la chaudière de stress

Les traitements alternatifs :
L’Adaptatil, les vestes de compression et les produits naturels contre l’anxiété ont des résultats modérés selon une étude menée en 2009 par Cottam et Dogman. Quant à Pekkin et al. en 2016, ils ont démontré une amélioration des comportements, mais le taux de cortisol est resté le même.

Il est également à noter que ces traitements sont souvent mal utilisés. S’ils sont correctement appliqués, ne pourrait-on pas obtenir de meilleurs résultats ?

Je m’explique : je sais que mon chien a peur d’aller chez le vétérinaire. Donc, avant de partir, je lui mets sa veste de compression, sur laquelle j’ajoute même des huiles essentielles ou de l’Adaptatil. Le résultat ? Mon chien fait l’association : lorsque je lui mets cette veste, lorsque cette odeur est présente, cela signifie que quelque chose d’effroyable va arriver… On parasite ainsi l’effet recherché.

Nous devons utiliser ces outils dans des moments calmes et apaisants, plusieurs fois, bien avant de les envisager dans la situation stressante !

Alors, que faisons-nous ? Des jeux… Bien sûr, il y a la désensibilisation classique, qui consiste à faire écouter le bruit qui effraie à un niveau très faible et à récompenser en même temps. Dans le cadre des jeux, nous pensons que le fait de bouger, de jouer en même temps aide à l’association positive ! Nous allons donc jouer à des jeux de recherche, de fouille, d’enrichissement en ajoutant progressivement différents types de bruits, aigus ou/et sourds, bien avant d’arriver au bruit déclencheur. Nous jouons avec le cerveau en augmentant l’optimisme, le désengagement et en désensibilisant au bruit, en faisant de l’association au bruit un jeu. Ai-je mentionné les 3 questions du chien ? Il va jouer, être conscient du bruit, se demander s’il est important ; nous verrons probablement le chien relever la tête et hésiter avant de continuer à jouer, car il se demandera ensuite si c’est bon ou mauvais. …Le jeu, c’est bon ! Il fera progressivement l’association à travers les jeux. Cela changera le chemin neurologique du chien qui a fait l’association bruit=mauvais.

Les jeux

La piscine à bruits, piscine a balles :
Ces jeux travaillent sur l’optimisme du chien et aident à l’acceptation du mouvement et du bruit que le chien va créer lui-même. Il reste maître du bruit. C’est lui qui va initier le bruit et le mouvement au départ. Par exemple, en faisant tomber une bouteille d’eau remplie de croquettes. Les croquettes vont produire du bruit, un bruit associé aux croquettes qui est déjà perçu comme positif. On peut utiliser une piscine à balles, une boîte en carton, un bac en plastique, etc. Laissez libre cours à votre imagination. 🙂

Attention, il est essentiel de tenir compte du degré de difficulté. Par exemple, si mon chien a peur du bruit de la balayeuse, je pourrais commencer par placer la balayeuse par terre avec des croquettes autour, sans la mettre en marche. Ensuite, je pourrais placer la balayeuse dans une piscine à balles (avec le bruit des balles). Ensuite, j’ajouterais du papier froissé dans la piscine (avec le bruit des balles et du papier). Et ainsi de suite, en introduisant progressivement des éléments plus complexes comme une bouteille avec une clochette, une sonnette, etc., tout en augmentant la difficulté.

*Il est important de noter que ces jeux peuvent augmenter le stress du chien, donc il est recommandé de les pratiquer dans des moments calmes, pendant environ 3 minutes, suivi d’une période de retour au calme ensuite.

La boite a bruit:
On utilise un contenant rempli de riz (ou de billes, un grelot, voire plusieurs grelots, etc.) que l’on agitera doucement pendant que le chien est occupé à jouer à un jeu de recherche ou à courir dehors, explorant un sentier plein d’odeurs… Ici aussi, il est important de tenir compte du niveau de difficulté. Si vous remarquez que votre chien cesse de jouer, c’est peut-être un signe que c’est trop difficile ; dans ce cas, il est recommandé de réduire le niveau de complexité.

Je vous invite à visionner les vidéos de Wicket en train de jouer. J’ai choisi ces vidéos car on peut y observer très clairement ses réactions !
Liens Youtube: Vidéo 1Vidéo 2

Le DMT:
Tout un concept à lui seul. Je créerai une autre page pour l’expliquer ! Il est important de noter que le DMT sera utilisé dans plusieurs situations pour gérer la réactivité du chien. Le DMT vise à rassurer le chien en lui signifiant : « Ça va ! Ce n’est pas négatif, ce n’est pas dangereux. »